José Joaquim Emerico Lobo de Mesquita
(Diamantina 174? – Rio de Janeiro 1805)
Tractus para o Sábado Santo / Tractus pour le Samedi Saint
David Perez
(Palermo 1714 – Lisboa 1775)
Trio en sol mineur
Wolfgang Amadeus Mozart
(Salzburg 1756 – Viena 1791)
Requiem aeternam (1791) – version historique luso-brésilienne
AMERICANTIGA ENSEMBLE
Ricardo Bernardes – direction musicale
Mariana Castello-Branco – soprano
Arthur Filemon – contre-ténor
Frederico Projecto – ténor
Hugo Oliveira – basse
Pedro Massarrão – violoncelle
Nathaniel Harrison – basson
Mélodie Michel – basson
François Leyrit – contrabasse
Sérgio Silva – orgue
MOZART AUX TROPIQUES
Une version historique du Requiem de Mozart selon les traditions musicales du Brésil et du Portugal
À l’occasion du 30ᵉ anniversaire de l’Ensemble Americantiga, nous avons le plaisir de présenter un programme unique et inédit, conçu pour quatre chanteurs, violoncelle soliste, deux bassons et orgue. Ce projet singulier réunit des œuvres de compositeurs brésiliens de l’époque coloniale, tels que José Joaquim Emerico Lobo de Mesquita, ainsi qu’une version historique, dite luso-brésilienne, du célèbre Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart.
Cette version, inconnue jusqu’à récemment, a été recréée avec un immense succès public et critique à Lisbonne, lors de la 32ᵉ édition de la Temporada de Música em São Roque, puis reprise dans le cadre du festival Trotamundos – Voyages musicaux et littéraires, également dans la capitale portugaise. Depuis, ce programme a été présenté dans d’importants festivals en Espagne et en Croatie, suscitant un vif intérêt auprès du public et des spécialistes.
La « version luso-brésilienne » du Requiem de Mozart, ainsi que les autres œuvres du programme, s’inscrivent dans une tradition musicale originale, bien ancrée au Brésil et au Portugal dès les dernières décennies du XVIIIᵉ siècle. Que ce soit à la cour de Lisbonne, dans les centres musicaux d’Évora et de Braga, ou encore à Rio de Janeiro, Vila Rica, Mariana ou São Paulo, il était courant d’adapter les grandes œuvres vocales pour des formations plus restreintes.
Cette pratique consistait à écrire ou à arranger des œuvres pour voix solistes ou chœur, accompagnées uniquement par les instruments du basso continuo : violoncelle, deux bassons, contrebasse et orgue. Inspirée par les traditions de certaines chapelles royales, cette esthétique particulière conférait à ces exécutions un timbre grave, raffiné et expressif, formant une sorte de petit orchestre de graves.
Si cette démarche répondait à des contraintes économiques — l’impossibilité d’engager un orchestre complet pour certaines cérémonies —, elle offrait aussi l’occasion de valoriser la virtuosité des musiciens locaux. L’écriture, souvent exigeante, témoigne d’un esprit chambriste et d’un haut niveau d’exigence technique.
Ainsi, loin de toute simplification, ces réductions ou recréations révèlent une esthétique nouvelle, pensée pour les registres graves. Elles illustrent la capacité des musiciens luso-brésiliens à absorber, transformer et réinventer les grands chefs-d’œuvre selon les réalités locales.
Ce qui fut peut-être d’abord un choix pragmatique est devenu, au fil du temps, une voix musicale authentique de la luso-brasilidade — un langage sonore singulier, à la fois empreint d’ingéniosité, de profondeur expressive et de beauté intemporelle, qu’il convient aujourd’hui de redécouvrir et célébrer.